lundi 5 mars 2012

Conseil d'administration et quotas

L'idée d'imposer des quotas de certaines catégories de personnes dans certaines circonstances n'est pas neuve. Cette idée est en particulier discutée au niveau européen pour imposer un certain quota de femmes dans les conseils d'administration.

Pourquoi veut-on imposer un quota? La réponse est simple, c'est parce qu'il y a la perception d'un manque de diversité dans un domaine, ici dans les centres de décision des entreprises. Imposer un quota est-il une bonne chose. Par conviction personnelle, je ne suis pas un fanatique des quotas, quels qu'ils soient. Et je ne suis certainement pas le seul puisque la première page du Financial Times du 5 mars cite Mme Reding (commissaire européenne à la justice) à propos des quotas de femmes dans les conseils d'administration: "I'm not a fanatic about quotas … but I like the results quotas bring about". D'un autre coté je suis assez favorable à la diversité, en particulier dans les conseils d'administration. Je cite aussi l'extrait d'une lettre de Mme Parisot (Présidente du Medef - France) au même Financial Times publiée le même jour: "Study after study has shown that a greater proportion of women at the top table leads to increased profitability". La par contre je dois indiquer mon désaccord. Mon désaccord est sur le mot "leads". Au mieux les analyses montrent une corrélation, non une conséquence, entre une certaine diversité de genre et un résultat positif. Je suis convaincu qu'une ouverture d'esprit vers d'autres points de vues mène à la fois à plus de diversité dans le conseil d'administration, en particulier une diversité de genre, et à prendre en compte plus d'alternatives, ce qui a un lien avec une profitabilité accrue.

Si on veut améliorer le fonctionnement des entreprises par une plus grande diversité des conseils d'administration, il faut demander une vraie diversité, pas seulement de genre. La nomination récente du conseil d'administration de Dexia Banque Belgique (devenue depuis Belfius Banque) est un vrai cas d'école. Sur dix membres du conseils d'administration il y a sept hommes et trois femmes. Les hommes sont sur-représentés c'est certain, mais les femmes sont au moins représentées en partie. Prenons un autre point de vue, les formations des membres: il y a sept économistes et trois juristes et zéro "autre". Ces "autres" (scientifiques, informaticiens, linguistes, …) ne sont pas représentés du tout. Dans les salles de marché des banques, les formations qui dominent sont celles qui manquent autour de la table: scientifiques (mathématiciens, ingénieurs, physiciens). Une proposition plus intéressante serait d'imposer des expériences diverses. Pour reprendre le cas de Belfius, Mr Bouckaert, le président est licencié en économie avec une expérience commerciales dans la banque. On pourrait imposer au minimum deux autres formations et deux autres expériences bancaires. On pourrait demander deux formations parmi: droit, finance, mathématique, informatique; deux expériences parmi: banque de détail, trading, analyse quantitative, gestion des risques, marketing, back-office, ressources humaines. Cela me semble une diversité aussi importante que la diversité homme/femme.

Si il y a une vraie proposition pour plus de diversité dans les conseils d'administration, elle aura mon soutient (pour ce qu'il vaut). Si la seule diversité d'une proposition est une diversité imposée de genre, la proposition ne me satisfait pas. La diversité la plus importante est une diversité de formation et une diversité d'expérience.

"L'issue aurait été différente si Lehman Brothers s'était appelé Lehman Sisters."
Neelie Kroes - Commissaire européenne - 2009